
0:00
0:00
Laisser sa voiture pour descendre jusqu'à la mer qui vient deux fois par jour rappeler ce qui rassemble les occupants du lieu. Près du GR34, la route sinueuse est jalonnée de nombreux arbres majestueux, déracinés par les tempêtes récentes. En bas, tout près de l'Aber, un immense bâtiment ouvert aux vents du large. Et aux quatre coins du Moulin de l'enfer, des ateliers, des machines... Et une nébuleuse de gens occupés à s'initier aux métiers de la mer.

Repas de midi : rencontre entre bénévoles, salariés et stagiaires
A 10 h, autour d'un café, un rituel de convivialité
C'est au Moulin de l'enfer que le Père Michel Jaouen a implanté en 1999 un chantier naval pour favoriser à l'origine l'insertion de jeunes en galère. Aujourd'hui, le groupe est mélangé, entre ceux qui sont là depuis longtemps et qui assurent la continuité de l'Association AJD, l'Association des Amis du Jeudi-Dimanche et les plus jeunes, dont une proportion inattendue de jeunes filles.
Il est 10 h, l'heure de la pause du matin. Toute l'équipe est rassemblée pour un rituel de convivialité, autour d'un café, des crêpes et de la confiture. J'apprendrais l'importance de ces moments simples de la journée qui soudent un groupe ou un équipage, et au final forgent une communauté. Zykton est le plus ancien autour de la table. Il me raconte l'histoire du lieu, de ce bâtiment aux dimensions imposantes : « Il devait au début du 20e siècle devenir un projet d'usine marémotrice, bien avant le barrage de la Rance. Le bâtiment fut construit et le projet abandonné. »
Commandant de bord à ses heures, il a bien connu le père Jaouen. « On a bossé ensemble. Son objectif était d'embarquer des jeunes, trimballer du monde sur des bateaux qui naviguent » , rappelle Zykton. « Une grande gueule, un personnage plein d'humanité. Le père Jaouen ? Tout, sauf autoritaire. »
Les bateaux mythiques, le Bel espoir II et le Rara Avis sont passés par le chantier, avant de naviguer en Méditerranée pour le premier et au large de la Guadeloupe pour le second. C'est dire si le lieu est chargé d'histoire. A preuve, l'épave du Bel Espoir traîne depuis 2017 à proximité immédiate des bateaux prêts à partir. À bord du Bel espoir et du Rara Avis, une petite quarantaine d'équipiers. C'est le rêve et l'espoir de tous les jeunes rassemblés ici.
Quel que soit leur parcours antérieur, personnel ou professionnel, Axel, 20 ans, Louis comme Célia, 25 ans et leurs collègues attendent ce moment avec impatience : naviguer, prendre le large, partir et vivre à bord une belle aventure humaine. Et ils parlent tous et toutes facilement du Père Jaouen, de Michel, comme s'ils l'avaient connu. Il faut dire que son ombre et son effigie planent encore sur ce lieu, marqué par son passage et son œuvre.
Il est 10 h, l'heure de la pause du matin. Toute l'équipe est rassemblée pour un rituel de convivialité, autour d'un café, des crêpes et de la confiture. J'apprendrais l'importance de ces moments simples de la journée qui soudent un groupe ou un équipage, et au final forgent une communauté. Zykton est le plus ancien autour de la table. Il me raconte l'histoire du lieu, de ce bâtiment aux dimensions imposantes : « Il devait au début du 20e siècle devenir un projet d'usine marémotrice, bien avant le barrage de la Rance. Le bâtiment fut construit et le projet abandonné. »
Commandant de bord à ses heures, il a bien connu le père Jaouen. « On a bossé ensemble. Son objectif était d'embarquer des jeunes, trimballer du monde sur des bateaux qui naviguent » , rappelle Zykton. « Une grande gueule, un personnage plein d'humanité. Le père Jaouen ? Tout, sauf autoritaire. »
« Trouver du sens à mon métier de "voilier" »
Les bateaux mythiques, le Bel espoir II et le Rara Avis sont passés par le chantier, avant de naviguer en Méditerranée pour le premier et au large de la Guadeloupe pour le second. C'est dire si le lieu est chargé d'histoire. A preuve, l'épave du Bel Espoir traîne depuis 2017 à proximité immédiate des bateaux prêts à partir. À bord du Bel espoir et du Rara Avis, une petite quarantaine d'équipiers. C'est le rêve et l'espoir de tous les jeunes rassemblés ici.
Quel que soit leur parcours antérieur, personnel ou professionnel, Axel, 20 ans, Louis comme Célia, 25 ans et leurs collègues attendent ce moment avec impatience : naviguer, prendre le large, partir et vivre à bord une belle aventure humaine. Et ils parlent tous et toutes facilement du Père Jaouen, de Michel, comme s'ils l'avaient connu. Il faut dire que son ombre et son effigie planent encore sur ce lieu, marqué par son passage et son œuvre.
Pour l'heure, les jeunes, stagiaires ou en période de qualification selon leur statut, s'adonnent aux différents métiers de la mer. Nicolas, formateur de l' AJD, a préféré quitter son métier dans une grande voilerie de Brest pour venir ici : « Je voulais sortir du milieu de la production et de la rentabilité pour trouver du sens à mon métier de "voilier". Je cherchais un métier autour de la transmission, dans un cadre associatif. » Et ce ne sont pas les métiers qui manquent autour du monde de la voile, selon les bateaux, les postes, les affinités aussi. Ils tournent autour du bois et des charpentes pour les bateaux en bois, du métal, de la mécanique, de l'électricité...

A l'atelier couture de voiles
« Démerdez-vous pour être heureux... »
Aliénor, ancienne thérapeute confie : « Je voulais apprendre à naviguer et faire quelque chose avec mes mains. » Ça tombe bien, le Moulin de l'enfer est fait pour ça. Louis, 25 ans a exercé le métier de kiné pendant deux ans ; il a lui aussi choisi de se réfugier dans ce havre avant d'embarquer. Car il ne faudrait pas oublier la navigation elle-même, qui est en soi une grande école d'apprentissages en tout genre. On est ici dans l'Aber Wrac'h qui accueille une des écoles réputées de navigation, avec celle des Glénans.
« Les jeunes découvrent et approfondissent ici leurs savoir-faire et leurs projets, personnel et professionnel. Ils apprennent à vivre ensemble, à faire équipe pendant six mois », ajoute Nicolas. Et quand ils montent à bord, "l'alchimie" issue du mélange des gens comme des genres conforte les liens noués à terre. Chacun à sa place, ils retrouvent confiance en eux.
« Les équipages embarquent des élèves des écoles de Marine marchande qui trouvent ici du temps obligatoire de navigation en mer pour valider leurs diplômes d'officier ou de mécanicien, de capitaine ou de matelot », précise Nicolas. A l'occasion, il rappelle le slogan du Père Jaouen : « Démerdez vous pour être heureux, parce que les autres ont besoin de votre bonheur. » Plus qu'un slogan, une éthique de vie...
« Les jeunes découvrent et approfondissent ici leurs savoir-faire et leurs projets, personnel et professionnel. Ils apprennent à vivre ensemble, à faire équipe pendant six mois », ajoute Nicolas. Et quand ils montent à bord, "l'alchimie" issue du mélange des gens comme des genres conforte les liens noués à terre. Chacun à sa place, ils retrouvent confiance en eux.
« Les équipages embarquent des élèves des écoles de Marine marchande qui trouvent ici du temps obligatoire de navigation en mer pour valider leurs diplômes d'officier ou de mécanicien, de capitaine ou de matelot », précise Nicolas. A l'occasion, il rappelle le slogan du Père Jaouen : « Démerdez vous pour être heureux, parce que les autres ont besoin de votre bonheur. » Plus qu'un slogan, une éthique de vie...

Célia sur son bateau de régate
De multiples parcours de vie se croisent
Axel, tout juste 20 ans et arrivée en janvier dernier, me guide pour faire le tour des bateaux comme des ateliers. Elle a déjà une formation de "mécanicien embarqué". C'est la Mission locale de Lorient où elle habite qui lui a conseillé de venir ici pour faire ses heures de navigation. Les parcours des stagiaires en reconversion sont très variés, depuis les métiers du soin, du service, de l'accompagnement et même du spectacle. Tous semblent attirés par les activités manuelles des ateliers et fascinés par le monde maritime. L'une, Aliénor, prévoit d'embarquer à Palerme dans deux semaines ; sa collègue, dotée d'une licence des Arts du spectacle, devra attendre le mois d'août prochain à Istanbul.
De son côté, Clément est formateur et accompagnateur de scolaires lors des semaines de découverte à bord du White Dolphin ou du Pentry back. Il se réjouit de son métier et de l'insertion dans le pays des Abers : « On va accueillir une quinzaine de collégiens de Lannilis la semaine prochaine, pour naviguer en mer d'Iroise. A bord, pas de portables. C'est incroyable comment ça soude un groupe. » Celia, 25 ans, ancienne "éduc spé" dans le monde de la petite enfance du côté de Marseille, s'affaire autour d'un bateau de régate qui doit reprendre la mer la semaine prochaine, ici, dans l'Aber Wrac'h.
A terre, comme sur mer, entre les escales, les parcours de vie semblent se croiser, se compléter, entre stagiaires et formateurs, avant de retrouver chacun son havre et son bonheur. La proximité de la mer offre des terrains de jeu et d'expérience sans fin, ce qui n'empêche pas de rêver d'horizons plus lointains à bord des 3 trois-mâts qui ont fait la réputation de l'association et de son fondateur, le Père Jaouen. "Démerdez-vous", disait-il. La générosité et la solidarité en plus.
Rémi Mer
De son côté, Clément est formateur et accompagnateur de scolaires lors des semaines de découverte à bord du White Dolphin ou du Pentry back. Il se réjouit de son métier et de l'insertion dans le pays des Abers : « On va accueillir une quinzaine de collégiens de Lannilis la semaine prochaine, pour naviguer en mer d'Iroise. A bord, pas de portables. C'est incroyable comment ça soude un groupe. » Celia, 25 ans, ancienne "éduc spé" dans le monde de la petite enfance du côté de Marseille, s'affaire autour d'un bateau de régate qui doit reprendre la mer la semaine prochaine, ici, dans l'Aber Wrac'h.
A terre, comme sur mer, entre les escales, les parcours de vie semblent se croiser, se compléter, entre stagiaires et formateurs, avant de retrouver chacun son havre et son bonheur. La proximité de la mer offre des terrains de jeu et d'expérience sans fin, ce qui n'empêche pas de rêver d'horizons plus lointains à bord des 3 trois-mâts qui ont fait la réputation de l'association et de son fondateur, le Père Jaouen. "Démerdez-vous", disait-il. La générosité et la solidarité en plus.
Rémi Mer

Le père Jaouen en photo à la voilerie

0:00
0:00
Le père Jaouen
Le Père Jaouen est né à Ouessant en 1920. Sa famille (15 enfants !) s'installe peu après sur le continent à Kerlouan. Après une formation de jésuite et un parcours de résistant, il devient aumônier de prisons. Il crée des foyers de réinsertion et l'Association AJD en 1951 pour emmener des jeunes en mer, dont au départ, certains prisonniers ou anciens drogués. Le Bel espoir sera un des bateaux mythiques de son activité. Le Père Jaouen meurt en 2016, laissant derrière lui un héritage, une maison et des bateaux qui n'ont pas fini de naviguer...
L'association AJD
L'association AJD est agréée comme centre de formation aux métiers de la mer et propose un programme de navigation ouvert à tous et toutes. Elle compte une dizaine de salariés et peut compter sur l'appui de nombreux bénévoles, dont une quinzaine de commandants de bord. Elle a ouvert une antenne à Marseille (site belespoir.com).