Un million d'exemplaires vendus, traduit ou en cours de traduction dans 36 pays, lecture de l'été du président Obama : un tel succès, en général, me fait fuir. Pourquoi et comment suis-je allée en si peu de temps au bout de ce pavé de 718 pages qui couvre trois décennies de la vie de la famille Berglund et de ses relations?
Patty et Walter, couple progressiste, façon "Peace and Love" des années 70, se sont englués dans les désillusions et les renoncements moraux, eux qui avaient voulu changer le monde. Ils sont bons citoyens, vaguement écolos, politiquement corrects, ayant tout pour être heureux, gentils jusqu'à l'écœurement.
Elle, Patty, erre, entre Richard, un amour de jeunesse et Walter, son mari, dans un ennui permanent, battue d'avance, à l'image de la déception et la désillusion des baby boomers dont le rêve d'une société meilleure a été balayé par le consumérisme et la culpabilité qu'il engendre. Lui, Walter, accepte des compromissions terribles dans lesquelles il se débat et s'englue.
Tous les grands problèmes d'aujourd'hui y passent : environnement, corruption, déplacement de population, guerre en Irak, etc . C'est si compliqué et si simple à la fois : on est loin des valeurs fondatrices de liberté, de progrès, de culture, de fraternité, seuls comptent la puissance et l'argent. Patty et Walter vieillissent, sans idéaux et sans amour, dans un pays qui leur ressemble.
L'écriture est à l'image des personnages : phrases banales faites de clichés et phrases longues et lourdes du poids de l'ennui quotidien, des tranches de vie écrites de façon différente, de l'autobiographie détournée au roman réaliste ou à l'étude ethnographique.
Sur le même thème, Petite sœur, mon amour de Joyce Carol Oates nous mettait au cœur du mal : adultes médiocres et manipulateurs, enfants drogués, dépouillés de toute personnalité et immolés sur l'autel de la vanité des parents. Dans le livre de Jonathan Franzen, il ne se passe rien et s'il se passe quelque chose dans le vaste monde, on ne peut rien y faire, on est impuissant : alors, là, on se sent mal...
Marie-Anne Divet
Freedom de Jonathan Franzen. Traduit de l'anglais (USA) par Anne Wicke Editions de l'Olivier 2011 pour l'édition française
Patty et Walter, couple progressiste, façon "Peace and Love" des années 70, se sont englués dans les désillusions et les renoncements moraux, eux qui avaient voulu changer le monde. Ils sont bons citoyens, vaguement écolos, politiquement corrects, ayant tout pour être heureux, gentils jusqu'à l'écœurement.
Elle, Patty, erre, entre Richard, un amour de jeunesse et Walter, son mari, dans un ennui permanent, battue d'avance, à l'image de la déception et la désillusion des baby boomers dont le rêve d'une société meilleure a été balayé par le consumérisme et la culpabilité qu'il engendre. Lui, Walter, accepte des compromissions terribles dans lesquelles il se débat et s'englue.
Tous les grands problèmes d'aujourd'hui y passent : environnement, corruption, déplacement de population, guerre en Irak, etc . C'est si compliqué et si simple à la fois : on est loin des valeurs fondatrices de liberté, de progrès, de culture, de fraternité, seuls comptent la puissance et l'argent. Patty et Walter vieillissent, sans idéaux et sans amour, dans un pays qui leur ressemble.
L'écriture est à l'image des personnages : phrases banales faites de clichés et phrases longues et lourdes du poids de l'ennui quotidien, des tranches de vie écrites de façon différente, de l'autobiographie détournée au roman réaliste ou à l'étude ethnographique.
Sur le même thème, Petite sœur, mon amour de Joyce Carol Oates nous mettait au cœur du mal : adultes médiocres et manipulateurs, enfants drogués, dépouillés de toute personnalité et immolés sur l'autel de la vanité des parents. Dans le livre de Jonathan Franzen, il ne se passe rien et s'il se passe quelque chose dans le vaste monde, on ne peut rien y faire, on est impuissant : alors, là, on se sent mal...
Marie-Anne Divet
Freedom de Jonathan Franzen. Traduit de l'anglais (USA) par Anne Wicke Editions de l'Olivier 2011 pour l'édition française