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Dans la maison au 5 rue Marceau, on a croisé Etienne qui revenait de donner un coup de main aux Restos du Cœur. Peu de temps après, Bernard est arrivé, éreinté après avoir vidé un camion de vêtements pour le Secours Catholique. Guilaine qui venait de faire ses courses. Daniel qui m’apostrophe pour me dire qu’il est quand même dans un meilleur état qu’il y a un an… Et Jean-René, attablé et joyeux, finissant sa boîte de pâté Hénaff à quinze heures de l’après-midi !
Séduits tous deux par la colocation solidaire
Ainsi va la vie dans cette maison d’accueil peu commune où les pensionnaires sont nommés colocataires. C’est Marine Leprince–Ringuet qui les accueille et veille chaque jour pour que le quotidien leur soit agréable. La jeune femme, âgée de 33 ans, a choisi de s’engager dans le projet de l’association Lazare, avec son mari Foucauld, et leurs trois enfants en bas âge.
Elle a grandi à Paris, a suivi des études d’économie et de finances à Paris-Dauphine et travaillé quelque temps dans le secteur des énergies renouvelables. Elle rencontre Foucauld durant ses études qui loge dans un appartement d’hommes, colocation gérée par l’Association pour l’amitié située au nord de Paris.
Elle a grandi à Paris, a suivi des études d’économie et de finances à Paris-Dauphine et travaillé quelque temps dans le secteur des énergies renouvelables. Elle rencontre Foucauld durant ses études qui loge dans un appartement d’hommes, colocation gérée par l’Association pour l’amitié située au nord de Paris.
« Il y est resté cinq ans et j’ai choisi alors de vivre moi aussi dans une colocation, au sud de Paris, dans un appartement de femmes et j’y suis restée trois ans. Nous avons été séduits tous les deux par cette forme de « colocation solidaire » où vivent ensemble des personnes d’âges, d’origines, de cultures et de parcours très différents. »
Photo : Lazare
Vivre à proximité et donner bénévolement de son temps
Marine et Foucauld se marient et postulent auprès de l’association Lazare pour devenir famille accueillante. Le principe est le même pour tous : un logement est mis à disposition d’un couple ou d’une famille, pour un loyer modique, dans une maison qui reste propriété de l’association. L’engagement est au minimum de trois ans. L’un des membres du couple assure alors bénévolement sur un mi-temps, l’accompagnement des personnes accueillies. Il existe une quinzaine de maisons de ce type en France et à l’étranger, dont deux à Nantes, une vient d’ouvrir ses portes à Lorient.
Début 2023, Marine et Foucauld s’installent dans une partie de la maison neuve, construite à Rennes, à l’emplacement d’un ancien presbytère. L’autre partie offre, au premier étage, un appartement réservé aux hommes, au deuxième étage, un autre appartement réservé aux femmes. Sont accueillis, pour moitié de jeunes actifs, entre 25 et 35 ans, pour autre moitié, des personnes à la rue ou en situation de grande précarité ou d’isolement. Chaque appartement est doté de huit chambres, et d’une partie collective partagée avec cuisine, séjour et salle de bains. Sont ainsi accueillies seize personnes, huit hommes et huit femmes, plus trois personnes, plus autonomes, logeant dans des studios en rez-de-chaussée.
Début 2023, Marine et Foucauld s’installent dans une partie de la maison neuve, construite à Rennes, à l’emplacement d’un ancien presbytère. L’autre partie offre, au premier étage, un appartement réservé aux hommes, au deuxième étage, un autre appartement réservé aux femmes. Sont accueillis, pour moitié de jeunes actifs, entre 25 et 35 ans, pour autre moitié, des personnes à la rue ou en situation de grande précarité ou d’isolement. Chaque appartement est doté de huit chambres, et d’une partie collective partagée avec cuisine, séjour et salle de bains. Sont ainsi accueillies seize personnes, huit hommes et huit femmes, plus trois personnes, plus autonomes, logeant dans des studios en rez-de-chaussée.
« Les motivations varient, confie Marine. Il y a ceux qui cherchent un toit, d’autres, une aventure humaine, simplement une rencontre. Chaque personne accueillie signe le règlement et s’engage à le respecter. Il est juste demandé à chacun de participer à un repas de colocataires chaque mardi soir, sans nous, ceci pour favoriser les liens. Chacun paie un loyer de 350 €, participe à l’entretien et aux courses collectives. Les jeunes actifs s’engagent à rester au minimum un an, pour les autres, il n’y aucune limite. Certaines personnes restent quatre ou cinq ans… Personne n’est jamais mis à la porte. »
Photo : Lazare
S’émerveiller de ce qu’offre le quotidien
Et les journées s’écoulent paisiblement. Un havre de paix retrouvé, une pause dans une vie tourmentée, l’espoir de se reconstruire, de réapprendre à s’aimer soi-même. Une assistante sociale est présente tous les vendredis et apporte son soutien pour le suivi de dossiers administratifs, les demandes d’aides et de prestations sociales.
Depuis un an et demi, Marine et Foucauld ont déjà accueilli une trentaine de personnes. Ils savent que le temps est limité et se donnent à fond dans le projet qui a déjà changé leur vie.
« Beaucoup de choses se passent de manière informelle, entre 9 heures et 16 heures, autour d’un verre ou d’un café, selon les événements de la journée. Chacun vaque à ses occupations. Certains travaillent, d’autres exercent une activité bénévole. L’idée de se réinsérer par le travail est encore pour certains un but trop éloigné. On parle simplement de restaurer la dignité de la personne. Notre satisfaction vient dans les petits moments du quotidien. On s’émerveille de voir l’un offrir quelque chose alors qu’on lui a dit toute sa vie qu’il était nul et qu’il n’avait rien à donner. Ou encore, de voir deux personnes qui se cuisinent un petit plat et le partagent. Il y a juste cette idée de créer des liens d’amitié, sans aucun souci de rentabilité ni d’exercice comptable. C’est un bon équilibre que j’apprécie. »
Depuis un an et demi, Marine et Foucauld ont déjà accueilli une trentaine de personnes. Ils savent que le temps est limité et se donnent à fond dans le projet qui a déjà changé leur vie.
« Je ne sais pas encore si nous poursuivrons au-delà des trois ans. Mais déjà, je suis transformée au contact de personnes cabossées de la vie, je n’imaginais pas qu’il était possible de tisser des liens entre nous. C’est un projet que nous vivons en famille, un engagement plus qu’un métier, une belle leçon d’humilité et de modestie. On se fait renverser ! On croyait donner et finalement, on reçoit tellement… »
Photo : Lazare
Lazare en bref
L’association Lazare est née en 2006, suite à l’initiative de trois jeunes qui ont pris la décision de se mettre en colocation avec des personnes de la rue. De cette première expérience de colocation réussie en sont nées d’autres partout en France et à l’étranger.
- 200050 nuitées à la rue évitées grâce à nos colocations solidaires
- 98% des colocs se sentent acceptés tels qu'ils sont aujourd'hui
- 85% des colocs disent avoir aujourd'hui un projet personnel ou professionnel alors qu'ils n'étaient que 25% avant Lazare.
- plus de 800 personnes ont habité dans les maisons Lazare depuis 2011.