L'abeille.mp3 (19.74 Mo)
On est à deux pas du centre ville d’Auray et on se croirait dans un hameau de campagne. En contrebas de quelques maisons coule le « reclus », petit ruisseau qui rejoint la rivière d’Auray qui se jette dans le golfe du Morbihan. Dans ce vallon à la nature préservée, balayé ce matin-là par la dernière tempête de mars, une équipe d’ouvriers se prépare à monter la charpente d’un bâtiment de 500 m² sur deux niveaux qui devrait ouvrir ses portes au plus tard au mois de Juin. C’est à cet endroit que Pierre Bourlès, propriétaire des lieux, fait construire la future miellerie d’Auray.
Après une première partie de carrière dans la sécurité et la traçabilité alimentaire, cet ingénieur agronome de 44 ans a choisi de se reconvertir dans l’apiculture. « Je voulais me réorienter vers un métier en contact avec la nature et le vivant. » Cette reconversion passe pour lui par la case formation du lycée agricole de Kerplouz. Ce lycée d’Auray est comme celui de Laval, l’un des deux dans l’Ouest à proposer, en 9 mois, un certificat de spécialisation en Apiculture. C’est pendant cette formation qu’il rencontre Claire Guérin, apicultrice et formatrice pour le compte de « You and Bees », une petite entreprise de 6 apiculteurs qui interviennent pour former au métier d’apiculteur dans les lycées agricoles et qui installent et entretiennent des ruches en entreprise.
L’idée a germé de travailler en équipe en ouvrant cette miellerie partagée. « On connaît bien les formules coopératives en agriculture, explique Claire Guérin, mais beaucoup moins en apiculture qui est souvent un métier solitaire. » Une grand majorité d’apiculteurs possède moins de 50 ruches, exerçant en parallèle une autre activité professionnelle. De son côté, le lycée de Kerplouz ne possède pas d’atelier de fabrication du miel et il lui était difficile de porter un investissement de cette nature pour une dizaine de stagiaires par an. Par le biais d’une convention avec la miellerie, les stagiaires pourront ainsi transformer le miel dans la nouvelle miellerie.
Après une première partie de carrière dans la sécurité et la traçabilité alimentaire, cet ingénieur agronome de 44 ans a choisi de se reconvertir dans l’apiculture. « Je voulais me réorienter vers un métier en contact avec la nature et le vivant. » Cette reconversion passe pour lui par la case formation du lycée agricole de Kerplouz. Ce lycée d’Auray est comme celui de Laval, l’un des deux dans l’Ouest à proposer, en 9 mois, un certificat de spécialisation en Apiculture. C’est pendant cette formation qu’il rencontre Claire Guérin, apicultrice et formatrice pour le compte de « You and Bees », une petite entreprise de 6 apiculteurs qui interviennent pour former au métier d’apiculteur dans les lycées agricoles et qui installent et entretiennent des ruches en entreprise.
L’idée a germé de travailler en équipe en ouvrant cette miellerie partagée. « On connaît bien les formules coopératives en agriculture, explique Claire Guérin, mais beaucoup moins en apiculture qui est souvent un métier solitaire. » Une grand majorité d’apiculteurs possède moins de 50 ruches, exerçant en parallèle une autre activité professionnelle. De son côté, le lycée de Kerplouz ne possède pas d’atelier de fabrication du miel et il lui était difficile de porter un investissement de cette nature pour une dizaine de stagiaires par an. Par le biais d’une convention avec la miellerie, les stagiaires pourront ainsi transformer le miel dans la nouvelle miellerie.
Dominante hier, elle revient pour répondre aux défis actuels
Une variété à préserver : l’abeille noire atlantique
Si la France produit environ 30 000 tonnes de miel chaque année, elle en importe presqu’autant avec les difficultés que rencontrent les consommateurs pour identifier un miel naturel et sain. La miellerie d’Auray fait le pari de produire un miel local et traçé qui respecte la biodiversité à partir d’abeilles noires atlantiques, (Apis Mellifera Mellifera) une espèce qui dominait jusque dans les années 80 et qui a, petit à petit, perdu ses qualités pour des raisons d’hybridation.
Dès cette époque, la forte mortalité des abeilles, victimes des produits phytosanitaires de plus en plus sophistiqués et toxiques, et l'arrivée du parasite varroa importé d'Asie ont contraint les apiculteurs à se tourner vers d'autres espèces. Ces dernières sont venues principalement de Grèce et d'Italie pour reconstituer leurs cheptels en appliquant des critères de rentabilité et de domestication leur permettant de continuer à vivre de leur métier. Le plus souvent au détriment de la qualité. Car sur le long terme, le résultat n’est pas satisfaisant. Les apiculteurs sont contraints d'élever des abeilles hybrides inadaptées à leur environnement, demandant plus de soins, extrêmement sensibles aux moindres perturbations climatiques. En général, ils compensent ce manque d'adaptation au milieu par l'entretien artificiel des colonies, souvent à contresens de la nature.
Frugale mais indocile
A l’inverse, vive, frugale et résistante, l’abeille noire est présente des Pyrénées à la Scandinavie depuis un million d’années environ. De couleur brun noir, elle est plus sombre que les autres sous-espèces européennes et plus grande, avec un abdomen particulièrement large et volumineux. Sa trompe est relativement courte et ses nombreuses soies (poils) en font une excellente récolteuse et disséminatrice de pollen, assurant ainsi la survivance de nombreuses plantes sauvages et contribuant aux rendements et à la qualité d’une grande partie des productions agricoles. Le genre Apis comprend quatre groupes d’espèces dont Apis mellifera, ou « abeille porteuse de miel », que l’on trouve notamment en Europe. Particulièrement bien adaptée au climat européen, cette abeille locale est plus résistante aux maladies et les ouvrières sont reconnues pour leur longévité. Elle est capable de faire face aux conditions extrêmes de l’hiver : la taille de la colonie diminue alors et les abeilles consomment leurs réserves de miel avec parcimonie, un processus de régulation qui augmente leurs chances de survie.
L’utilisation de l’abeille noire par les apiculteurs a fortement reculé car elle a la réputation d’être agressive et de produire peu de miel. L’abeille noire n’est certes pas une abeille docile. Pour certains, cette capacité à se défendre, cette réactivité au stress, sont même un avantage car elles obligent les Hommes à adopter des pratiques apicoles qui respectent sa nature. Des scientifiques ont montré par ailleurs que ce sont surtout les abeilles hybrides, issues des croisements entre abeilles importées et abeilles noires, qui sont agressives et difficiles à manipuler. Quant à son supposé faible « rendement », les connaisseurs avancent qu’il est largement compensé par sa frugalité, le peu d’interventions qu’elle nécessite et sa régularité, les butineuses noires travaillant aussi par mauvais temps et étant plus performantes sur les floraisons précoces et tardives.
« Même si elle est moins productive, c’est une abeille qui se suffit à elle même, on ne la nourrit pas, constate également Pierre Bourlès qui travaille déjà sur environ 200 ruches d’abeilles noires. Je travaille essentiellement sur des souches venues de Belle-Île et de Ouessant en lien avec le conservatoire de l’abeille noire. » L’abeille étant un bien commun au service de la nature et des humains, la miellerie d’Auray veut sensibiliser les citoyens à plus de respect pour le vivant, aux écosystèmes et à la biodiversité. C’est le concept d’une apiculture raisonnée s’inscrivant dans un cycle long et respectant le rythme de vie de l’abeille.
Dès cette époque, la forte mortalité des abeilles, victimes des produits phytosanitaires de plus en plus sophistiqués et toxiques, et l'arrivée du parasite varroa importé d'Asie ont contraint les apiculteurs à se tourner vers d'autres espèces. Ces dernières sont venues principalement de Grèce et d'Italie pour reconstituer leurs cheptels en appliquant des critères de rentabilité et de domestication leur permettant de continuer à vivre de leur métier. Le plus souvent au détriment de la qualité. Car sur le long terme, le résultat n’est pas satisfaisant. Les apiculteurs sont contraints d'élever des abeilles hybrides inadaptées à leur environnement, demandant plus de soins, extrêmement sensibles aux moindres perturbations climatiques. En général, ils compensent ce manque d'adaptation au milieu par l'entretien artificiel des colonies, souvent à contresens de la nature.
Frugale mais indocile
A l’inverse, vive, frugale et résistante, l’abeille noire est présente des Pyrénées à la Scandinavie depuis un million d’années environ. De couleur brun noir, elle est plus sombre que les autres sous-espèces européennes et plus grande, avec un abdomen particulièrement large et volumineux. Sa trompe est relativement courte et ses nombreuses soies (poils) en font une excellente récolteuse et disséminatrice de pollen, assurant ainsi la survivance de nombreuses plantes sauvages et contribuant aux rendements et à la qualité d’une grande partie des productions agricoles. Le genre Apis comprend quatre groupes d’espèces dont Apis mellifera, ou « abeille porteuse de miel », que l’on trouve notamment en Europe. Particulièrement bien adaptée au climat européen, cette abeille locale est plus résistante aux maladies et les ouvrières sont reconnues pour leur longévité. Elle est capable de faire face aux conditions extrêmes de l’hiver : la taille de la colonie diminue alors et les abeilles consomment leurs réserves de miel avec parcimonie, un processus de régulation qui augmente leurs chances de survie.
L’utilisation de l’abeille noire par les apiculteurs a fortement reculé car elle a la réputation d’être agressive et de produire peu de miel. L’abeille noire n’est certes pas une abeille docile. Pour certains, cette capacité à se défendre, cette réactivité au stress, sont même un avantage car elles obligent les Hommes à adopter des pratiques apicoles qui respectent sa nature. Des scientifiques ont montré par ailleurs que ce sont surtout les abeilles hybrides, issues des croisements entre abeilles importées et abeilles noires, qui sont agressives et difficiles à manipuler. Quant à son supposé faible « rendement », les connaisseurs avancent qu’il est largement compensé par sa frugalité, le peu d’interventions qu’elle nécessite et sa régularité, les butineuses noires travaillant aussi par mauvais temps et étant plus performantes sur les floraisons précoces et tardives.
« Même si elle est moins productive, c’est une abeille qui se suffit à elle même, on ne la nourrit pas, constate également Pierre Bourlès qui travaille déjà sur environ 200 ruches d’abeilles noires. Je travaille essentiellement sur des souches venues de Belle-Île et de Ouessant en lien avec le conservatoire de l’abeille noire. » L’abeille étant un bien commun au service de la nature et des humains, la miellerie d’Auray veut sensibiliser les citoyens à plus de respect pour le vivant, aux écosystèmes et à la biodiversité. C’est le concept d’une apiculture raisonnée s’inscrivant dans un cycle long et respectant le rythme de vie de l’abeille.
Une floraison d'initiatives pédagogiques
Faire connaître l’apiculture et les abeilles au grand public
La reconnaissance de l’abeille noire est également l’enjeu du parcours pédagogique qui sera installé à Auray. « On veut faire découvrir l’apiculture durable au grand public, explique Pierre Bourlès. Dans nos locaux, nous allons présenter une exposition photo autour de l’abeille noire ainsi qu’une ruche pédagogique sans abeilles évidemment mais qui permettra de comprendre leur élevage. Nous avons également prévu de monter les différents types de ruches utilisées un peu partout dans le monde, le matériel nous servira a extraire le miel sur place et nous en avons à moins de 200 mètres des ruches où nous pourrons emmener les visiteurs. »
En extérieur, une plantation des espèces mellifères (aubépine, châtaignier, blé noir, bruyère, lavande etc.) complétera l’aspect pédagogique de la visite. Elle sera en accès libre avec un magasin de vente de miel et de produits dérivés (nougat, pain d’épices, cosmétique...). En parallèle, la miellerie d’Auray va également élever des reines fécondées avec essaims et ruchettes de transport pour les amateurs ou les professionnels qui veulent développer des colonies d’abeilles noires. L’intérêt de cette vente d’essaims est aussi de recréer une zone où l’abeille noire sera prédominante.
Jean Luc Poussier
Source des informations et pour en savoir plus sur l’abeille noire, l’ONG Pollinis
En extérieur, une plantation des espèces mellifères (aubépine, châtaignier, blé noir, bruyère, lavande etc.) complétera l’aspect pédagogique de la visite. Elle sera en accès libre avec un magasin de vente de miel et de produits dérivés (nougat, pain d’épices, cosmétique...). En parallèle, la miellerie d’Auray va également élever des reines fécondées avec essaims et ruchettes de transport pour les amateurs ou les professionnels qui veulent développer des colonies d’abeilles noires. L’intérêt de cette vente d’essaims est aussi de recréer une zone où l’abeille noire sera prédominante.
Jean Luc Poussier
Source des informations et pour en savoir plus sur l’abeille noire, l’ONG Pollinis