Florent, Bertrand, Marion et Patrice
Créé il y a presque 40 ans par leurs aînés militants de l’éducation populaire et passionnés de voile, « Douar An Avel » , terre de vent, se situe dans le Finistère sud, en Pays Bigouden, à Treffiagat/ Léchiagat, au cœur d’un territoire riche en hommes, en faune, en flore, en paysages et en sites remarquables.
Caché derrière la dune, exposé aux vents et aux embruns, il est implanté dans un cadre exceptionnellement riche et sauvage, un site protégé Natura 2000 et Zone d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique. A 300 m, la plage, plein sud.
2010 : pour des questions de gestion, le centre est près de couler. Le personnel permanent est licencié. Une poignée « d’anciens » s’engage alors pour le relancer autour de ses fondamentaux et continuer à hisser haut les couleurs de l’éducation populaire.
Marion, l'actuelle présidente, raconte : « On s’est dit, y’a le feu ! On a décidé d’agir sans se poser de questions. Il fallait sauver la boutique, mais surtout défendre des valeurs : on est un peu les héritiers du centre. On ne savait pas vraiment ce qui nous attendait, sinon, peut-être que… »
Caché derrière la dune, exposé aux vents et aux embruns, il est implanté dans un cadre exceptionnellement riche et sauvage, un site protégé Natura 2000 et Zone d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique. A 300 m, la plage, plein sud.
2010 : pour des questions de gestion, le centre est près de couler. Le personnel permanent est licencié. Une poignée « d’anciens » s’engage alors pour le relancer autour de ses fondamentaux et continuer à hisser haut les couleurs de l’éducation populaire.
Marion, l'actuelle présidente, raconte : « On s’est dit, y’a le feu ! On a décidé d’agir sans se poser de questions. Il fallait sauver la boutique, mais surtout défendre des valeurs : on est un peu les héritiers du centre. On ne savait pas vraiment ce qui nous attendait, sinon, peut-être que… »
Pour que d’autres puissent aussi vivre cela, sauver Douar An Avel …
« Maîtresse d’école » bilingue Français et Breton, militante active des Ceméa , Marion n’est pas encore née lorsque ses parents, instituteurs, et leurs amis vont, en 1974 avec la complicité du maire d’alors porteur des mêmes valeurs, s’installer sur le site avec des tentes marabout pour y concrétiser l’utopie qu’ils nourrissent : proposer des vacances à la mer aux enfants des banlieues des grandes villes.
« Les porteurs du projet ne trouvaient pas dans les lieux existants l’esprit de découverte et d’équité sociale qu’ils souhaitaient faire partager. Leur philosophie : permettre à des jeunes de milieux modestes de partir à moindre coût en vacances, les faire profiter d'un changement d'air, de milieu géographique et humain... En démocratisant la pratique des sports nautiques et l’accès à tous aux vacances, au-delà des objectifs techniques, ils considéraient que la voile permet au jeune de se construire, au contact d’autres personnes. » Cette équipe fondatrice n'en a pas moins réussi à construire plus tard des locaux en dur.
Il y a aussi, Elen, thésarde en sociologie. Bertrand qui dessine des sous-marins dans l’armement naval. Florent qui est Agent au parc marin d'Iroise. Charles, le benjamin, qui œuvre dans les espaces verts : « Gamins, on a tous passé des vacances au centre. Parfois, nous nous en sommes éloignés, mais on y est tous revenus. Lorsqu’il a été en danger, on a tenté de limiter la casse et porté le fonctionnement de façon bénévole : le centre, c’est aussi un espace de militance, un lieu du vivre ensemble. On s’est tous un peu construits ici. On y a vécu des moments de vie collective très forts, connu nos premières responsabilités, appris à s’impliquer. Il semblait important qu’il continue à exister pour que d’autres puissent aussi vivre cela. »
« Les porteurs du projet ne trouvaient pas dans les lieux existants l’esprit de découverte et d’équité sociale qu’ils souhaitaient faire partager. Leur philosophie : permettre à des jeunes de milieux modestes de partir à moindre coût en vacances, les faire profiter d'un changement d'air, de milieu géographique et humain... En démocratisant la pratique des sports nautiques et l’accès à tous aux vacances, au-delà des objectifs techniques, ils considéraient que la voile permet au jeune de se construire, au contact d’autres personnes. » Cette équipe fondatrice n'en a pas moins réussi à construire plus tard des locaux en dur.
Il y a aussi, Elen, thésarde en sociologie. Bertrand qui dessine des sous-marins dans l’armement naval. Florent qui est Agent au parc marin d'Iroise. Charles, le benjamin, qui œuvre dans les espaces verts : « Gamins, on a tous passé des vacances au centre. Parfois, nous nous en sommes éloignés, mais on y est tous revenus. Lorsqu’il a été en danger, on a tenté de limiter la casse et porté le fonctionnement de façon bénévole : le centre, c’est aussi un espace de militance, un lieu du vivre ensemble. On s’est tous un peu construits ici. On y a vécu des moments de vie collective très forts, connu nos premières responsabilités, appris à s’impliquer. Il semblait important qu’il continue à exister pour que d’autres puissent aussi vivre cela. »
…Alors, les « anciens » retroussent leurs manches
Certains habitent Nantes et Brest mais, pendant presque deux ans, ils se rencontrent tous les week-ends au centre et assurent, avec le concours de salariés saisonniers, son fonctionnement pour éviter qu’il ne coule définitivement : « On s’est mis au travail et on a recherché des appuis. En 2010, on a effectué un contrôle de gestion, recruté une stagiaire en communication et nous sommes rapprochés des élus locaux. »
Bertrand, le Brestois, arrive même dès le vendredi soir, ne repart que le lundi pour avoir plus de temps sur place…, au détriment parfois de sa vie personnelle : « Il y avait un boulot énorme : se réapproprier l’administratif, assurer la maintenance des locaux et des bateaux. On est tous devenus polyvalents ! Parfois, je ponçais des journées entières, de 6 h du matin à 8 h du soir. Par contre, mes relations se sont fatiguées : lorsqu’on me proposait un programme pour le week-end, je n’étais jamais disponible ! »
Des urgences aussi auxquelles il faut faire face : « Il a parfois fallu se déplacer en semaine pour régler des problèmes administratifs. Charles a vraiment bien assuré : il était juste en stage ici au moment des classes de découverte ; pendant 5 mois, il a fait presque deux journées dans une en gérant les questions du quotidien des stagiaires ! »
Un peu plus tard, Françoise et son mari, autres « anciens », professeurs des écoles, les ont rejoints : elle a appris à naviguer au centre, y a franchi toutes les étapes de l’apprentissage de la voile et y a été monitrice ; il a connu le centre par son oncle et y a effectué son stage BAFA. Il a aussi participé, comme Bertrand, à son aménagement dans le temps. C’est là qu’il a été initié à la vie en collectivité… et qu’il a rencontré Françoise ! Lorsqu’il y a eu « urgence », il a assuré la présidence du centre, pendant 2 ans.
Après avoir maintenu le centre à bout de bras, en 2012, la bande des sept commence à remonter des abysses. Des salariés permanents sont recrutés : en premier, c’est Guillaume, directeur, qui très vite se rapproche des structures locales. Ensuite, Eric, cuisinier qui désire innover à partir des produits locaux.
Bertrand, le Brestois, arrive même dès le vendredi soir, ne repart que le lundi pour avoir plus de temps sur place…, au détriment parfois de sa vie personnelle : « Il y avait un boulot énorme : se réapproprier l’administratif, assurer la maintenance des locaux et des bateaux. On est tous devenus polyvalents ! Parfois, je ponçais des journées entières, de 6 h du matin à 8 h du soir. Par contre, mes relations se sont fatiguées : lorsqu’on me proposait un programme pour le week-end, je n’étais jamais disponible ! »
Des urgences aussi auxquelles il faut faire face : « Il a parfois fallu se déplacer en semaine pour régler des problèmes administratifs. Charles a vraiment bien assuré : il était juste en stage ici au moment des classes de découverte ; pendant 5 mois, il a fait presque deux journées dans une en gérant les questions du quotidien des stagiaires ! »
Un peu plus tard, Françoise et son mari, autres « anciens », professeurs des écoles, les ont rejoints : elle a appris à naviguer au centre, y a franchi toutes les étapes de l’apprentissage de la voile et y a été monitrice ; il a connu le centre par son oncle et y a effectué son stage BAFA. Il a aussi participé, comme Bertrand, à son aménagement dans le temps. C’est là qu’il a été initié à la vie en collectivité… et qu’il a rencontré Françoise ! Lorsqu’il y a eu « urgence », il a assuré la présidence du centre, pendant 2 ans.
Après avoir maintenu le centre à bout de bras, en 2012, la bande des sept commence à remonter des abysses. Des salariés permanents sont recrutés : en premier, c’est Guillaume, directeur, qui très vite se rapproche des structures locales. Ensuite, Eric, cuisinier qui désire innover à partir des produits locaux.
Le contexte a changé mais le cap doit demeurer
A l’aube de 2013, si le centre est rénové et les voiles prêtes à être hissées, « les héritiers » entendent ne pas perdre le cap et rester dans les valeurs fondamentales qui ont porté la création du centre.
Aujourd’hui, ils revisitent le projet associatif. Tous insistent sur leur attachement aux questions liées à l’éducation populaire, à la mixité sociale, à l’accès de tous aux loisirs et à la culture : ils vont tout mettre en œuvre pour que Douar An Avel demeure « un lieu de vie, de pratiques d’activités riches d’échanges et de rencontres… permettant la découverte d’un milieu, d’un patrimoine culturel. »
Les tarifs ne peuvent plus être ceux d’antan, ils se rapprochent de ceux pratiqués ailleurs : « Au début, les tarifs étaient bien inférieurs à ce qui se pratiquait ailleurs. Des bénévoles accueillaient, l’été, des adolescents venant de communes de la ceinture rouge de Paris (Aubervilliers, Argenteuil, Franconville, etc.) et de comités d’entreprises : Michelin de Clermont-Ferrand, Renault du Mans. Depuis, il a fallu nous plier à une évolution de la règlementation, à une exigence de diplômes pour l'encadrement, il a fallu recruter. Les charges salariales ont augmenté, le coût du séjour avec ! »
Pourtant, l’association fait le pari de maintenir l’activité en la diversifiant et en s’appuyant sur un partenariat de développement avec des organisations porteuses des mêmes valeurs qu’elle : des structures éducatives et de l’économie sociale et solidaire, mais aussi la mairie qui a toujours soutenu le projet : « En 1991, il a fallu faire face à de premières difficultés financières et la mairie de Treffiagat/Léchiagat a alors racheté le centre mais nous en a laissé la gestion. »
Aujourd’hui, ils revisitent le projet associatif. Tous insistent sur leur attachement aux questions liées à l’éducation populaire, à la mixité sociale, à l’accès de tous aux loisirs et à la culture : ils vont tout mettre en œuvre pour que Douar An Avel demeure « un lieu de vie, de pratiques d’activités riches d’échanges et de rencontres… permettant la découverte d’un milieu, d’un patrimoine culturel. »
Les tarifs ne peuvent plus être ceux d’antan, ils se rapprochent de ceux pratiqués ailleurs : « Au début, les tarifs étaient bien inférieurs à ce qui se pratiquait ailleurs. Des bénévoles accueillaient, l’été, des adolescents venant de communes de la ceinture rouge de Paris (Aubervilliers, Argenteuil, Franconville, etc.) et de comités d’entreprises : Michelin de Clermont-Ferrand, Renault du Mans. Depuis, il a fallu nous plier à une évolution de la règlementation, à une exigence de diplômes pour l'encadrement, il a fallu recruter. Les charges salariales ont augmenté, le coût du séjour avec ! »
Pourtant, l’association fait le pari de maintenir l’activité en la diversifiant et en s’appuyant sur un partenariat de développement avec des organisations porteuses des mêmes valeurs qu’elle : des structures éducatives et de l’économie sociale et solidaire, mais aussi la mairie qui a toujours soutenu le projet : « En 1991, il a fallu faire face à de premières difficultés financières et la mairie de Treffiagat/Léchiagat a alors racheté le centre mais nous en a laissé la gestion. »
« De tout pour tous les âges »
Il s’agit de proposer, en plus de l'école de voile, de l'école de surf, du centre de vacances et des classes de découvertes, de nouveaux projets menés avec des partenaires locaux et de se créer un réseau et des relais à grande échelle pour faire revivre le centre dans l'esprit de découverte du milieu maritime par le plus grand nombre.
Et, même si les partenaires et usagers sont encore à ce jour trop peu nombreux, il y en a encore, la preuve !
Un projet partagé, « Les enfants de la côte », est en cours de montage avec « HaliOtika », la Cité de la Pêche du Guilvinec et une association de surf, le « 29 Hood » dont les promoteurs ont un palmarès sportif de haut niveau : un vice-champion d’Europe, un champion de France et un champion de Bretagne ! « Il s’agit de faire de tout pour tous les âges, en s’appuyant sur ce que l’environnement propose, et pour que les gens du local s’approprient le centre et inversement. »
Aux vacances de printemps, le centre a fait le plein. La troisième semaine d’août viendront se joindre aux autres trente enfants de « Copains du Monde », le mouvement d’enfants du Secours populaire français. Parmi eux, quinze arriveront du Bénin, de Haïti et de Madagascar.
Finalement, tout n’est qu’une question de passion et de partage… et si en plus le vent est favorable !
Dominique Crestin
Et, même si les partenaires et usagers sont encore à ce jour trop peu nombreux, il y en a encore, la preuve !
Un projet partagé, « Les enfants de la côte », est en cours de montage avec « HaliOtika », la Cité de la Pêche du Guilvinec et une association de surf, le « 29 Hood » dont les promoteurs ont un palmarès sportif de haut niveau : un vice-champion d’Europe, un champion de France et un champion de Bretagne ! « Il s’agit de faire de tout pour tous les âges, en s’appuyant sur ce que l’environnement propose, et pour que les gens du local s’approprient le centre et inversement. »
Aux vacances de printemps, le centre a fait le plein. La troisième semaine d’août viendront se joindre aux autres trente enfants de « Copains du Monde », le mouvement d’enfants du Secours populaire français. Parmi eux, quinze arriveront du Bénin, de Haïti et de Madagascar.
Finalement, tout n’est qu’une question de passion et de partage… et si en plus le vent est favorable !
Dominique Crestin