20230525 Silence dans les champs, un constat implacable.mp3 (3.93 Mo)
L'enquête de Nicolas Legendre (2) sur le modèle agro-industriel, dominant en Bretagne, analyse une réalité souvent masquée : le productivisme caractérisé par des rendements maximum, le moins possible de main d’œuvre avec peu de préoccupation des humains ou des animaux, une utilisation importante de produits de synthèse pour aboutir à un maximum de profit dans les agro-industries. Ce productivisme en agriculture est l'autre nom du capitalisme libéral. C'est un constat implacable !
Trois groupes principaux d'agricultrices et agriculteurs tentent d'en vivre...
- Ceux qui s'en tirent très bien et profitent du système productiviste : agriculteurs, patrons ou cadres d'entreprises agro-industrielles.
- D'un autre côté, des paysans anonymes qui s'épuisent à la tâche : ils subissent, plus ou moins consentants, et en vivent avec difficultés. De même, les salariés du secteur agro- alimentaire.
- Entre les deux, quelques uns s'adaptent, tentent de respecter certaines de leurs valeurs : ils réussissent, par exemple, à travailler moins, et à vivre sans trop de stress.
Une vérité sans tabou
Nicolas Legendre ose dire la réalité avec les mots clairs : capitalisme, peur, mafia ... Cette vérité crue, est tabou dans la « profession». L'ouvrage cite de nombreux témoignages anonymes de gens (sur près de 300 entretiens) qui ont peur de parler à visage découvert. Ce modèle est favorisé par l’État, les banques et la plupart des organisations professionnelles agricoles. De nombreux mythes méritent d'être combattus et déconstruits : les agriculteurs français doivent nourrir le monde, tous sont sur le même bateau (ont les mêmes intérêts. ...).
Une autre agriculture est possible. Minoritaire, elle existe déjà. Des agricultrices et agriculteurs cultivent et élèvent des animaux en prenant soin de la nature, de la vie. Ils pratiquent des systèmes de production respectueux de la biodiversité et de la ressource en eau. Ils utilisent moins d'intrants et, au total, gagnent mieux leur vie, avec moins de stress.
Indispensable, le livre de Nicolas Legendre, très bien écrit, se lit facilement. Il raconte le système agro-industriel exacerbé en Bretagne, avec quelques spécificités régionales. Mais c'est le système dominant, en France et ailleurs, de l'agriculture dans une économie libérale mondialisée.
Jean-François Bourblanc
(1) « Silence dans les champs », éditions Arthaud, 20€.
(2) Nicolas Legendre, journaliste, correspondant du journal Le Monde en Bretagne est notamment l'auteur de "L'Himalaya breton: un road-trip au coeur des montagnes bretonnes" et "Le phénomène Le Drian" avec Benjamin Keltz.
Trois groupes principaux d'agricultrices et agriculteurs tentent d'en vivre...
- Ceux qui s'en tirent très bien et profitent du système productiviste : agriculteurs, patrons ou cadres d'entreprises agro-industrielles.
- D'un autre côté, des paysans anonymes qui s'épuisent à la tâche : ils subissent, plus ou moins consentants, et en vivent avec difficultés. De même, les salariés du secteur agro- alimentaire.
- Entre les deux, quelques uns s'adaptent, tentent de respecter certaines de leurs valeurs : ils réussissent, par exemple, à travailler moins, et à vivre sans trop de stress.
Une vérité sans tabou
Nicolas Legendre ose dire la réalité avec les mots clairs : capitalisme, peur, mafia ... Cette vérité crue, est tabou dans la « profession». L'ouvrage cite de nombreux témoignages anonymes de gens (sur près de 300 entretiens) qui ont peur de parler à visage découvert. Ce modèle est favorisé par l’État, les banques et la plupart des organisations professionnelles agricoles. De nombreux mythes méritent d'être combattus et déconstruits : les agriculteurs français doivent nourrir le monde, tous sont sur le même bateau (ont les mêmes intérêts. ...).
Une autre agriculture est possible. Minoritaire, elle existe déjà. Des agricultrices et agriculteurs cultivent et élèvent des animaux en prenant soin de la nature, de la vie. Ils pratiquent des systèmes de production respectueux de la biodiversité et de la ressource en eau. Ils utilisent moins d'intrants et, au total, gagnent mieux leur vie, avec moins de stress.
Des résistances collectives
Un certain pessimisme se dégage pourtant après la lecture des 341 pages, même si l'auteur s'en défend. Certes, le système agro-industriel est très puissant et Nicolas Legendre le démontre avec efficacité. Les résistances individuelles sont quasi impossibles. Pourtant de nombreuses résistances collectives au libéralisme en agriculture existent. L'auteur les évoque mais une présentation plus étoffée aurait dopé son essai : association de défense des victimes de pesticides, associations de lutte contre les algues vertes, Civam (Centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural) ... Et aussi, la Confédération paysanne, un syndicat qui pèse dans la région. Et dans les exploitations agricoles, des groupements pour des circuits courts, des gaec (groupement agricole d'exploitation en commun), et certaines cuma (coopératives d'utilisation de matériels agricoles) tentent, à leur mesure, de lutter contre les lois de la jungle libérale. Indispensable, le livre de Nicolas Legendre, très bien écrit, se lit facilement. Il raconte le système agro-industriel exacerbé en Bretagne, avec quelques spécificités régionales. Mais c'est le système dominant, en France et ailleurs, de l'agriculture dans une économie libérale mondialisée.
Jean-François Bourblanc
(1) « Silence dans les champs », éditions Arthaud, 20€.
(2) Nicolas Legendre, journaliste, correspondant du journal Le Monde en Bretagne est notamment l'auteur de "L'Himalaya breton: un road-trip au coeur des montagnes bretonnes" et "Le phénomène Le Drian" avec Benjamin Keltz.