Au milieu des militants le 13 juin 2014 lors d'un meeting à Marrakech
Nabila Mounib, la cinquantaine jeune et élégante, est solidement armée pour le combat politique. Dans les années 70, alors consul à Oran, son père, juriste et intellectuel engagé, lui fait découvrir le socialisme algérien pendant que sa mère, aristocrate issue d'une grande famille de Fès, s'occupe de ses neuf enfants. « J'avais 14 ans, c'est à ce moment-là que ma conscience politique est née », confie-t-elle à la veille de la matinée dans la vallée organisée par Abdelali Atif, responsable de l'association de développement et en même temps du PSU pour la région de Marrakech.
Au meeting de Marrakech
« Tu es meilleure que moi pour le combat politique »
Après le bac, sitôt rentrée au Maroc, elle est de toutes les batailles étudiantes. Partie ensuite pour quatre ans à Montpellier préparer son doctorat d'endocrinologie, elle intègre rapidement la section des étudiants démocrates. Et quand elle revient au pays d'Hassan II, c'est pour entrer à l'Organisation de l'Action Démocratique et Populaire (OADP) issu du « Mouvement du 23 mars », ce jour tragique de 1965 où les forces du régime tirèrent sur les jeunes en révolte, faisant des centaines de morts.
« Toute ma famille me soutient », souligne-t-elle. Ajouté à des convictions et une énergie d'un solide métal, ce soutien a été bien investi. Tout en restant syndicaliste de l'enseignement supérieur, Nabila Mounib n'a cessé depuis lors d'agir et de s'imposer dans le monde machiste de la politique marocaine jusqu'à devenir la secrétaire générale du PSU en janvier 2012.
Image d'un meeting PSU
Le roi interpellé…
L'un de ses meilleurs atouts est sa cohérence au sein d'une gauche qui a vite fait de succomber aux sirènes royales. Déjà, en 1996, lors de la réforme constitutionnelle proposée par Hassan II, elle avait été de ceux qui avaient poussé l'OADP, ancêtre du PSU, à voter non. En 2011, dans la même logique, le PSU a boycotté le référendum constitutionnel proposé par le roi dans la foulée du Printemps Arabe marqué au Maroc par les manifestations du 20 février. Réformes illusoires pour le PSU de Nabila Mounib qui réclame une monarchie parlementaire.
Ce n'est pas elle non plus qui succombera de sitôt à l'attrait ministériel. « Pas de participation sans garantie », répète-t-elle, et comme les garanties risquent d'attendre longtemps... Non, la double priorité de Nabila Mounib est de soutenir les jeunes du « Mouvement du 20 février », pour lesquels les locaux du PSU à Casablanca sont un refuge face à la répression, et de rassembler les courants de la gauche radicale. Ça avance... lentement : en janvier 2014, l'Alliance de la gauche démocratique créée en 2007 avec deux autres mouvements est devenue la Fédération de la gauche démocratique.
Celle-ci peut en tout cas compter sur l'image et la parole de Nabila Mounib qui s'est fait une place dans les médias. Il est vrai que certaines de ses déclarations font du bruit. L'une reste particulièrement dans les mémoires, prononcée en août 2013 lors du scandale provoqué par la grâce royale du violeur pédophile espagnol Galvan Viña (grâce retirée à la suite du tollé). Nabila Mounib a alors demandé au roi de « présenter ses excuses ». Qui d'autre aurait osé ?
M. R.