Ils s'appelaient Bouna et Zyed, avaient 15 ans et 17 ans, vivaient à Clichy-sous-Bois, et il y eut le feu cet hiver-là en France. En revenant du foot, ils avaient aperçu la police et pris la fuite, ensuite croisé la mort, cachée dans un transformateur. Électrocutés. Martyrs. Les émeutes éclatèrent dans les cités. La France de l'hiver 2005-2006 affronta une révolte populaire. État d'urgence, deux mois durant, dans vingt-cinq départements. On promit alors d'éteindre enfin les braises. On cassa d'abord. Simple de casser. Des immeubles de Clichy et Montfermeil tombèrent en poussière. Quatre ans plus tard, on installa la police. Simple de soupçonner, arrêter, condamner. Huit ans après, les copains de Bouna et Zyed restaient assignés à résidence, chômeurs souvent. Lundi dernier, Pôle Emploi est enfin arrivé. Le tramway devrait suivre, dans trois ans au mieux : l'urgence des États pour les habitants des ghettos.
Michel Rouger