C’est pas Dieu possible, auraient dit nos grands-mères. L’abbé Pierre délinquant sexuel. Le choc. Mais encore, si l’on veut bien se recueillir un peu ? Venant après bien des scandales et le fameux rapport Sauvé il y a trois ans, l’affaire consacre un tournant historique miraculeux : le dévoilement, après des siècles d’omerta et de fake news, d’une vérité de plus en plus nue sur la sexualité dans l’Église catholique. L’abbé Pierre, né Henri Grouès, a péché à son tour. Il a construit une œuvre majeure contre la pauvreté et un collectif puissant, Emmaüs, capable de renverser la statue de son cofondateur, mais pendant que Pierre sauvait des vies, Henri brisait d’autres vies. En vérité, le saint n’existe pas, pas plus que l’homme providentiel. Saint Jean-Paul II, par exemple, qui a dissimulé l’affaire, devrait rendre sa médaille là-haut. Avec tout ça, l’Église romaine va-t-elle enfin attaquer le péché à sa racine, ses obsessions sexuelles ? Bientôt, dit le prophète, les prêtres se marieront et l’ Égalité femmes-hommes sera érigée en dogme. Les femmes enfileront les soutanes, la maman pécheresse d’antan deviendra prêtresse. Mais que les forces du mâle sont puissantes à Rome ! C’est pas Dieu possible.
Michel Rouger
Michel Rouger
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