Un grand moment politique - les élections sénatoriales - a lieu le 27 septembre et les citoyens de ce pays s’en fichent. C’est vraiment dommage. Un scrutin qui garantit 100 % de participation, c’est unique. Mais l’intérêt est ailleurs. Pour désigner leurs 348 sénateurs, les 46 millions de citoyens français en âge de voter délèguent leur pouvoir à 162 000 "grands électeurs" où les ruraux sont surreprésentés, conseillers municipaux (à 95%), départementaux, régionaux. En outre, le Sénat est renouvelé par moitié tous les trois ans : 87 000 grands électeurs seulement vont donc voter le 27 septembre ce qui va lisser les résultats des municipales. Un mécanisme à toute épreuve façonné par deux siècles de conservatisme. Calmées les ardeurs des représentants directs du peuple, les députés, empêchés par exemple cinquante ans durant par le Sénat d’accorder le droit de votes aux femmes. Les gouvernements y ont vu souvent une « anomalie démocratique », comme a dit le socialiste Lionel Jospin. Sauf qu’il faut s’en remettre encore au peuple pour la corriger et ce n’est pas gagné. De Gaulle s’y est essayé mais les Français ont sauvé le Sénat et renvoyé le général à Colombey. Emmanuel Macron devrait-il l’imiter ? A chacun de voir.
Michel Rouger
Michel Rouger
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