Le président de la République, moins prisonnier du passé colonial que ses prédécesseurs, a eu un geste fort à la mémoire des manifestants pacifiques algériens massacrés le 17 octobre 1961. Mais ce n’est qu’un geste. A ce rythme, il faudra attendre les cent ans, en 2061, pour que l’évènement soit reconnu pour ce qu’il est : un crime d’État, un crime du pouvoir d’alors, pas seulement celui d’un préfet de police fût-il un ancien collaborateur des nazis recyclé dans l’ordre gaulliste. Prisonnier de ses calculs électoraux comme ses derniers prédécesseurs, le président de 2021 n’a pas de ces audaces qui portent un pays au-delà de lui-même comme celle qui a mis fin à la peine de mort abolie il y a quarante ans contre la majorité de l’opinion, comme celles que l’on attend aujourd’hui sur le climat, le social, la démocratie. De ces audaces qui font entrer un chef d’État dans l’Histoire.
Michel Rouger
Michel Rouger
20211021 L'audace.mp3 (1.05 Mo)