Tour à tour affligés, amusés, révoltés, nous dévorons les feuilletons de Trump le bouffon et Fillon le cupide. Quand soudain, mardi, une nouvelle fait exploser le cœur et l'esprit. Un « abattoir humain », dit Amnesty. Quel Picasso viendra révéler pour l'éternité ce Guernica syrien dix fois pire que le massacre franquiste ? Qui peindra les 13 000 pendus de Saidnaya ? Chaque semaine, de 2011 à 2015, des gardiens les ont humiliés, torturés puis tués, méthodiquement, à la nazie. Usine de la mort. Banalité du mal. Nous sommes jeudi maintenant : qui parle encore des 13 000 martyrs de Saidnaya ? L'oubli les recouvre déjà au milieu des 300 000 morts de la guerre syrienne. Seuls les réfugiés peuvent encore nous interpeller mais leurs voix sont couvertes par les chiens de Marine Le Pen qu'on laisse trop facilement aboyer.
Michel Rouger
Michel Rouger
2017 02 09 Les 13 000 de Saidnaya.mp3 (1.65 Mo)