C'est « Jours fous » ces temps-ci à l'enseigne du capitalisme sauvage. 24 avril au Bangladesh : plus de 1 100 travailleurs, payés 30 € par mois, sont tués, écrasés dans leur usine. 13 mai, en France : des hordes de consommateurs se ruent sur les soldes de Virgin, ravagent les rayons, traumatisent les salariés bientôt licenciés. Droits humains, dignité: tout doit disparaître. Même les âmes sont à vendre. Braderie à tous les étages et au troisième les actionnaires comptent les billets. La « banalité du mal », comme l'a si bien démontré la philosophe Hannah Arendt. Elle revit aujourd'hui sur les écrans, démontrant avec une force intérieure peu commune comment l'idéologie nazie transforma de braves pères de famille en bourreaux. La « banalité du mal » reste une notion très moderne. C'est bien de le rappeler, pour résister : ce film-là n'a pas de prix.
Michel Rouger