« C'était une personne normale avec une vie normale dans un quartier normal », a dit le patron de la sécurité publique de Loire-Atlantique. Le chômeur nantais qui s'est suicidé par le feu mercredi à 43 ans, a peut-être effectué un geste lui aussi, après tout, normal. Normal d'être à bout quand une froide circulaire elle-même tout-à-fait banale vous condamne. Et normal qu'on ne parle pas du taux de suicide chez les chômeurs pourtant six fois plus élevé. Le chômage, ce ne sont plus des millions d'hommes et de femmes courbés par les soucis, c'est la courbe des chiffres qui rejoignent d'autres chiffres tout aussi banalisés. La veille du suicide, la Cour des Comptes a ainsi aligné des centaines de millions d'euros de gaspillages. Luxe et gabegie chez les uns, fin d'Assedic chez les autres : tout est absolument normal.
Michel Rouger