L'assassinat d'Hervé Gourdel horrifie et révolte. Depuis le 19 septembre, la France est clairement en guerre et l'ennemi, sanguinaire et invisible, actualise nos vieilles peurs. Les tueurs de l'État islamique sortent tout droit du moyen-âge mais partagent leurs crimes sur internet. Ce sont des barbares modernes. Des barbares. Le mot revient en boucle. C'est alors qu'une question plane soudain. Qui va établir les échelles de la barbarie et de l'innocence ? Les barbaries d'État, les guerres civiles, coloniales, pétrolières, les guerres de Netanyahou, Assad, Bush, les guerres africaines délaissées, sont-elles moins barbares et leurs victimes civiles déchiquetées moins innocentes ? Il y a juste 60 ans, à la Toussaint 1954, commençait la guerre d'Algérie. Notre barbarie coloniale n'est pas si lointaine. Sur la terre martyre de Kabylie, le sang d'Hervé Gourdel a rejoint celui de milliers d'autres innocents.
Michel Rouger
Michel Rouger