Francis, ouvrier à l'usine Seita de Nantes, a été hospitalisé mardi. Épuisé. Il est en grève de la faim, avec cinq collègues, depuis le 29 septembre. Une révolte brute contre la brutalité de la firme britannique Imperial Tobacco qui, sur un bureau, à Bristol, et malgré des bénéfices en hausse, a rayé l'usine de Nantes et ses 327 emplois. Le géant, dont les actionnaires voient parallèlement leurs dividendes augmenter de 10%, veut se développer en Pologne, à la recherche d'ouvriers payés pour une bouchée de pain. Des millions de chômeurs attendent en Europe, des centaines de millions dans le monde : ils ont faim, se dit la firme. Ne reste plus alors qu'une arme à l'ouvrier : la grève de la faim, réservée à ceux qui peuvent vivre de rien, l'arme inaccessible aux gens repus. Dignité ouvrière.
Michel Rouger
Michel Rouger