À la veille de Noël, en sa bonne ville d'Ijevsk en Oudmourtie, Mikhaïl Kalachnikov a donc déposé les armes. Il s'est éteint à 94 ans, sans tambour ni trompette, dans son HLM situé à une portée de fusil de la fabrique où il fignola avec amour tant de pétoires. Feu désormais, l'ingénieur soviétique qui mit à la portée de tous un fusil d'assaut robuste, simple d'usage, pas cher, l'immortel AK-47. Feu l'inventeur communiste qui jamais ne toucha le moindre rouble sur les quelque 100 millions de kalachnikovs vendues depuis soixante-six ans. Mikhaïl, le fabricant d'armes qui ne faisait pas commerce de la mort, regrettait surtout l'évolution de la clientèle : que peu de révolutionnaires et beaucoup de terroristes ou malfrats utilisent désormais son bon vieux fusil capable de lâcher jusqu'à six-cents coups à la minute, le plus souvent sur des innocents.
Michel Rouger
Michel Rouger