A Lorient, une prof de fac et ses étudiants partent soudain en cours. A Avignon, un directeur de théâtre appelle ses collègues à ouvrir leurs salles une heure samedi. La vie, qui étouffe depuis bientôt un an, est en train de désobéir à la bureaucratie sanitaire qui a envahi le pays. Cette vie-là défend la santé physique de chacun et de tous. Elle respecte les barrières contre le virus. Sa rébellion est non-violente. Le risque est devenu grand de réactions irrationnelles, de rave-parties périlleuses, d'émeutes à la néerlandaise, d'explosion étudiante, d'une exaspération croissante récupérée par l'extrême-droite. Face à ces menaces, la désobéissance civile apparaît nécessaire. Elle s'impose au nom des valeurs menacées, quand la Culture, par exemple, est méprisée. En quoi un pouvoir peut-il décider dans une réunion secret-défense qu'il est moins essentiel, malgré des règles sanitaires équivalentes voire plus draconiennes, de partager imaginaire et émotions à un concert, au cinéma ou au théâtre,qu'une croyance à l'église ou une envie de saucisson-vin rouge au supermarché ? Guettons les salles de théâtre ouvertes samedi. C'est entre 15 h et 16 h.
Michel Rouger
Michel Rouger
Désobéir.mp3 (2.04 Mo)