Selon les journaux, les bulots et bigorneaux s'attendent à une redoutable marée de pêcheurs à pied ce week-end, amplifiée par un fort coefficent d'abstentions aux élections. Bien sûr, de nombreux pêcheurs à pied vont se dépêcher d'aller voter : pêcheurs d'accord, citoyens d'abord. Mais beaucoup aussi ne vont pas dépêcher de la journée. En fait, le fameux pêcheur à la ligne des scrutins de jadis, doux rêveur s'en allant taquiner le goujon sous les frondaisons, a été remplacé par le pêcheur au crochet, au rateau, au couteau, qui gratte, qui pioche, qui épuise. Pêcheur consommateur de mollusques, citoyen consommateur d'élus. Je prends, je jette. C'est pourquoi la marée de dimanche s'annonce inquiétante. Le soir, la septième vague, la marine, celle qui vous surprend, vous piège et qui casse, va être poussée, sans forcément être plus forte que d'habitude, par une immense vague d'indifférence. Dégâts assurés.
Michel Rouger
Michel Rouger