A partir de ce vendredi, les expulsions de locataires sont suspendues. La trêve des temps froids. Quatre mois sans huissiers, gendarmes ou policiers frappant soudain à la porte. Quatre mois sans la honte, sans les pleurs des gamins, sans la terreur de la nuit qui vient. 36 000 hommes, femmes et enfants ont vécu ça l'an dernier. Un nouveau record, s'indigne la Fondation Abbé Pierre. Et en fait "deux ou trois fois plus ", ajoute-t-elle, beaucoup d'expulsés partant avant l'arrivée des forces de l'ordre. En cause, les loyers exorbitants et la précarité. Les propriétaires petits et gros s'enrichissent en dormant sur les cauchemars des familles de travailleurs paupérisés. Au gouvernement, où l'on n'a pas le temps d'aller découvrir l'héroïsme tragique de Ricky et Abby, le livreur ubérisé et l'aide-soignante du dernier film de Ken Loach, pas de trève pour le harcèlement social : l'assurance chômage est sévèrement durcie à partir aussi de ce vendredi. Pour payer leur loyer, qu'ils bossent ! Et s'ils bossent déjà, qu'ils bossent plus ! Rendez-vous l'an prochain pour un nouveau record d'expulsions.
Michel Rouger
Michel Rouger
2019 10 31 La trêve.mp3 (1.72 Mo)