Dimanche, les skippeurs - et rares skippeuses – de la Route du Rhum vont partir de Saint-Malo et fendre les flots pour de nouveaux exploits techniques et sportifs. Mais qu’en sera-t-il de la prochaine épreuve ? Les vents du business peuvent-ils souffler plus fort pour la porter plus loin ? Il lui faut un nouveau cap, respirer l’air du temps et une voie est possible : après le défi de la vitesse, hisser haut la sobriété en même temps que l’Histoire. Dérouter les voiliers. Descendre vers l’Afrique, entrer dans le Golfe de Guinée, rallier les Antilles chargé des souvenirs du cinquième port négrier français : deux-cent-quatorze expéditions - deux-tiers vers Haïti -, quatre-vingt-mille esclaves, le business de soixante-et-un messieurs de Saint-Malo dont le grand-père de Surcouf et le père de Chateaubriand. La cité corsaire hésiterait peut-être à célébrer cette contribution malouine à l’industrie du rhum antillais. Difficile de chanter buvons-en-un-buvons-en-deux-à-la-santé-des-malheureux le coude sur le tonneau sous les remparts de Saint-Malo. Pourtant certains trouveraient sûrement du business à faire d’une Route du Rhum Triangulaire.
Michel Rouger
Michel Rouger
20221103 Déroute (du Rhum).mp3 (1.14 Mo)