L'image du DRH d'Air France la chemise arrachée est insupportable. Comme est insupportable la morale low cost déballée par les responsables politiques et patronaux. Ils devraient plutôt s'interroger sur la colère qui macère dans le pays sous la violence infligée aux salariés. Hormis une minorité éclairée, voire liée à l'économie sociale et solidaire, les entreprises, en France comme ailleurs, exigent la flexibilité +, fixent des objectifs inatteignables, culpabilisent les moins productifs et, au final, licencient un peu plus pour engraisser les actionnaires et financer les retraites chapeaux des anciens PDG. En guise de dialogue, les représentants des salariés ne servent plus qu'à annoncer des défaites et calmer les colères. Patrons du MEDEF ou de la « nouvelle économie » même combat : l'insécurité sociale qui dévore les salarié(e)s, leurs enfants, la société. Et tue parfois. Mais contre cette violence-là, pas de réquisitoire : elle est sans image.
Michel Rouger
Jaurès en 1906…
« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. [...] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »
Jean Jaurès, discours devant la Chambre des députés, séance du 19 juin 1906.